Assurer l’inassurable: l’amiante

1 Introduction :

Deux villes en Amérique du Nord portent des noms tristement célèbres car associées à des maladies :

-la ville de Lyme, dans le Connecticut (USA), associée à la maladie éponyme

-la ville d’Asbestos, du nom de l’amiante en anglais, ville qui vient même de décider de se rebaptiser

2 Historique :

Dès le XIXème siècle, l’amiante (ou asbeste) est remarquée pour ses nombreuses propriétés de résistance au feu et à diverses agressions.

Elle fut dès lors massivement intégrée à des colles, des mastics, des plaques d’amiante-ciment, des dispositifs de calorifugeage.

Cependant, dès les années 1890, on détecte son caractère nocif pour la santé : fibrose pulmonaire, cancers,… 

3 Législation :

La France interdit l’emploi de ce matériau le 1er janvier 1997 par le décret 96-1133 du 24 décembre 1996, pris en application du Code du travail et du Code de la consommation.

En 1998, un « Fonds de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante » (FCAATA https://retraitesolidarite.caissedesdepots.fr/fcaata) est créé. Les fonctionnaires en sont exclus.

En décembre 2000, un « Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante » (FIVA http://www.fiva.fr) voit le jour.

En novembre 2002, la norme AFNOR NF X 46-020 décrit la procédure de diagnostic à utiliser pour déceler la présence d’amiante dans les bâtiments construits avant l’interdiction totale de l’amiante en 1997. 

Tout désamiantage ou démolition d’un bâtiment amianté doit faire l’objet d’un plan de retrait déposé à la Direction départementale du travail. 

En cas de désamiantage « sauvage », le recours consiste en un appel à l’inspection du travail pour faire cesser le chantier (« constat d’amiante ») : En 2018, 320 chantiers/entreprises stoppés par un inspecteur du Travail (chiffre en baisse de 20% vs l’année précédente).

Le 3 juin 2011, un décret modernise la part du code de la santé publique relative à la prévention de ces risques dans les immeubles bâtis, pour protéger les personnes circulant ou travaillant dans des immeubles amiantés.

Le 23 février 2012, un arrêté précise la formation des travailleurs à la prévention du risque amiante :

– Sous-section 3  :                  Désamiantage 

– Sous-section 4 :                   Personnes intervenant sur des produits amiantés ou à proximité des produits amiantés

Arrêté du 6 mars 2018 relatif à l’utilisation du heaume ventilé à des fins d’étude lors d’opérations comportant un risque d’exposition aux fibres d’amiante.

Le désamiantage risque de durer aussi longtemps qu’a duré « l’amiantage » : On parle de curage des bâtiments jusqu’en … 2060 (Voir https://www.team2.fr/article/entretien-valame-traiter-l%E2%80%99amiante-pour-ne-plus-l%E2%80%99enfouir).

4 Amiante et assurances :

L’industrie de l’assurance prend très vite ses distances avec ce risque : Dès 1918, des assureurs américains refusent d’assurer les travailleurs de cette industrie.

L’industrie cependant se comporte de manière largement irresponsable, comme la Johns-Manville Corporation :

Fondée en 1858, cette société est spécialisée dans les matériaux anti-feu et les tubes.

Elle équipe de nombreux navires de l’US Navy dès 1945 avec de l’amiante.

Dès 1933, il apparait que son assureur, Metropolitan Life Insurance Company, l’encourage dans la dissimulation des risques liés à l’amiante.

En 1949, le management décide de ne pas tenir informés les travailleurs même malades de leur situation.

En 1982 la Johns-Manville Corporation fait faillite. 

Un fonds pour les victimes est créé, abondé à hauteur de 2,5 milliards de USD, qui reçoit près de 89 000 plaintes (Voir https://www.iii.org/article/liability-for-asbestos-related-diseases#The%20Beginnings%20of%20Litigation). Les plaintes ne pourront être honorées qu’à hauteur de 10%.

Il ne faut dès lors pas s’étonner de l’aversion des assureurs pour ce phénomène :

-Au Royaume Uni, 2400 décès annuels sont enregistrés et les assureurs estiment dépenser 200 millions de livres annuels en indemnisation des victimes (source : ABI Association of British Insurers)

-Aux USA, les règlements d’indemnités atteignent 2 milliards de USD annuels, et ce depuis 2002 (source AM Best), même s’ils commencent graduellement à baisser.

-En France, chez Saint-Gobain, le pôle de produits pour la construction, essentiellement à travers Saint-Gobain PAM, est aujourd’hui une « coquille vide » qui gère le passif d’Everite. En effet, la personne morale Everite existe toujours, mais seulement pour les besoins des procès en faute inexcusable intentés par d’anciens salariés. C’est, au sein du groupe Saint-Gobain, en France, l’entité qui doit assumer les conséquences de l’exploitation de l’amiante.

C’est d’ailleurs un souci majeur de Saint-Gobain en termes de procès puisque, du fait de l’activité historique de la société américaine Certain Teed, en grande partie avant son acquisition par Saint-Gobain, un certain nombre de procès complexes relevant du système juridique américain sont en cours.

D’ailleurs, la Compagnie a dû constituer des provisions pour indemniser les salariés. La plupart des provisions sont surtout destinées aux procès américains. Rappelons que, dans le système américain, qui est celui des « class actions », on n’est pas obligé d’avoir une pathologie déclarée pour pouvoir engager un procès.

Les Constructions Mécaniques de Normandie (CMN) sont un autre cas de grande difficulté financière associée à l’amiante (source Senat : Le drame de l’amiante en France : comprendre, mieux réparer, en tirer des leçons pour l’avenir  www.senat.fr/rap/r05-037-1/r05-037-130.html).

5 Les risques de mise en cause pour l’entreprise :

Les entreprises peuvent être attaquées pour des préjudices à leurs employés (51) ou des préjudices à l’environnement (52) :

51 La faute inexcusable de l’employeur :

En cas de reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur, la victime d’une maladie liée à l’amiante peut notamment se voir attribuer une majoration de sa rente au titre de la faute de l’employeur qui vient s’ajouter à la réparation déjà intégrale accordée par le FIVA. Pour une personne dont le taux d’IPP est de 100 %, les réparations complémentaires accordées par les Tribunaux des Affaires de Sécurité Sociale (TASS) au titre du préjudice physique, moral et d’agrément s’échelonnent entre 100.000 et 300.000 euros (source ibid).

La faute inexcusable de l’employeur fait d’ailleurs désormais partie, en standard, des garanties du contrat Responsabilité Civile, avec des montants de garantie croissants.

52 Les responsabilités liées à l’environnement :

3 responsabilités peuvent être invoquées :

521 La responsabilité civile du fait du préjudice écologique :

Depuis la loi du 8 aout 2016, les entreprises doivent réparer les préjudices écologiques liées à leur activité ou à leurs produits. Ex : Une cuve de gasoil fuyarde met en danger une population de batraciens.

            522 La responsabilité civile atteinte à l’environnement (RCAE) :

            C’est la plus ancienne garantie, présente de base dans les contrats. Cette responsabilité est engagée en cas de dommages corporels, matériels et immatériels subis par les tiers, et résultant d’une atteinte à l’environnement consécutive à un accident imputable à son activité. Ex : Explosion du transformateur de l’usine.

            523 La responsabilité environnementale :

            Elle résulte du principe « pollueur-payeur » de la loi du 1er aout 2008. A la différence de la précédente, elle intervient même en l’absence de tout dommage à un tiers. Elle prévoit une réparation en nature.

6 Assurer le risque amiante :

61 Le cas des entreprises ne manipulant pas l’amiante :

Les entreprises « ordinaires » peuvent rester fortuitement exposer au risque amiante.

En effet, même interdit depuis 1997, ce matériau est loin d’être éradiqué.

L’entreprise risque d’être confrontée, au sein de son contrat Multirisque Professionnelle », à une exclusion, au chapitre Responsabilité Civile, ainsi formulée :

« Les dommages de toute nature, causés par l’amiante, le plomb et le formaldéhyde. »

exclusion difficilement rachetable de manière simple et économique.

L’entreprise qui a une obligation de résultat quant à la sécurité au travail devra veiller aux diagnostics sur son bâti et à la qualité de ses intrants. Le médecin du Travail et le CSE (Comité Social et Economique) seront tenus au courant.

La souscription d’une vraie assurance Responsabilité Environnementale (cf plus haut) peut aussi être un élément de réponse.

Entreprise « ordinaire » et travaux :

Le maître d’ouvrage faisant travailler une entreprise via la sous-section 3 (cf plus bas) doit soumettre un plan de retrait, d’encapsulage :

Activités d’encoffrement, de doublage, de fixation par revêtement, d’imprégnation, en vue de traiter et de conserver, de manière étanche, l’amiante en place et les matériaux amiantés afin de prévenir la dispersion de fibres dans l’air

ou de démolition réglementaire aux organismes de prévention compétents.

Avant les travaux, c’est en effet le maître d’ouvrage qui a l’obligation de fournir aux entreprises les dossiers techniques amiante prévus par les dispositions règlementaires, notamment le décret n°2011-629 du 3 juin 2011.

Ce n’est donc pas sur les seuls professionnels de l’amiante que repose la gestion du risque.

62 Le cas des entreprises confrontées à l’amiante :

La réglementation les groupe en 2 catégories, sous-section 3 et sous-section 4. 

A noter que les équipements de protection individuels et collectifs sont définis en sous-section 1 et 2 (selon le taux d’empoussiérage).

Le Ministère du Travail a produit deux logigrammes permettant de mieux se situer entre sous-sections :

https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/logigramme_amiante_ss3_ss4_immeubles_dgt_040315.pdf

https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/logigramme_amiante_ss3_ss4_equipements_dgt_040315.pdf

621 Sous-section 3, retrait et confinement :

Il s’agit donc pour l’essentiel des entreprises de désamiantage. Leurs employés, soumis quotidiennement au risque-amiante, bénéficient de formation et procédures renforcées.

Les entreprises doivent obtenir des certificats de qualification pour le retrait et le confinement de l’amiante friable et non friable.

Friable/Non friable ?

Depuis le 1er janvier 2014, la certification Qualibat 1552 “Traitement de l’amiante” remplace les précédentes : 

la certification Qualibat 1512 (amiante non friable) 

la certification Qualibat 1513 (amiante friable).

Cette même norme concerne l’ensemble des activités de retrait et d’encapsulage des matériaux contenant de l’amiante (décret n° 2012-639 du 4 mai 2012).

Les entreprises certifiées 1512 et 1513 ont été reclassées et de nouvelles se sont ajoutées à la certification 1552. Qualibat regroupe 350 entreprises certifiées « Traitement de l’amiante », soit 5 000 professionnels autorisés, dont 350 encadrants techniques.

622 Sous-section 4, maintenance, réparation, entretien :

Il s’agit de toutes les entreprises du 2nd œuvre du bâtiment, exposées occasionnellement :

Electriciens, couvreurs, thermiciens, peintres,..

Le caractère occasionnel rend l’appréhension du risque et de l’assurance nécessaire plus difficile pour ces entreprises.

A noter que des entreprise d’inertage de l’amiante peuvent très bien se retrouver.. en sous-section 4.

Il ne faut pas oublier les professions connexes :

                       Auditeur amiante

                       Repérage amiante avant travaux et démolitions

                       Formateur

                       Laboratoire

                       Diagnostic

                       Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (AMO), bureaux d’étude

En sous-section 3 ou 4, l’entreprise devra nécessairement s’équiper en :

Responsabilité Civile (Exploitation et Professionnelle)

            La certification Qualibat 1512 prévoir d’ailleurs un contrôle de la possession de cette assurance.

            L’audit siège de pré-certification a en effet pour objectif de vérifier le respect des critères organisationnels et techniques définis dans le chapitre 5 de la norme NF X 46-010, et notamment les assurances

Responsabilité Environnementale (cf plus haut)

Assurance cyber-risques (qui ne sera pas facile à souscrire vu le secteur)

Eventuellement en assurance Décennale (RCD), notamment pour l’encapsulage

Idéalement en Responsabilité Civile des Mandataires Sociaux

Une réflexion ultérieure portera sur les montants de garantie recherchés.

Les assureurs actifs dans le domaine sont peu nombreux.

Les limitations peuvent aussi provenir des clauses des traités de réassurance.

Le marché de Londres (Lloyd’s) peut se révéler d’un grand secours.

De l’urgence de s’équiper en assurance Cyber


Introduction :

L’assurance a toujours accompagné l’émergence des nouveaux risques :

-le grand incendie de Londres en 1666 amène à la création 2 ans plus tard du « Fire Office »

-en 1685, Edward Lloyd’s accompagne le développement du commerce maritime

-au XIXème siècle, l’accumulation de capitaux dans les villes et les usines entraîne des sinistres spectaculaires, qui contribuent à mettre en place nos compagnies modernes.

En même temps, les compagnies sont toujours réticentes à créer de « nouveaux produits ». En effet :

-le prix de l’assurance (la prime) doit être fixée dès le lancement du produit.

-sa rentabilité est par contre déterminée par la sinistralité (fréquence et gravité) qui ne sera connue que plus tard.

-par un phénomène d’anti-sélection, les premiers intéressés (early adopters) sont en réalité les plus exposés au risque, alors que le prix de l’assurance est conçu pour la moyenne…

D’où la tendance des assureurs à ne fonctionner que par petites touches, et adaptations de produits existants.

1 La réalité du risque cyber :

Une PME a aujourd’hui bien plus de chances d’être affectée par un sinistre de type cyber (virus, intrusion, ransomware,..) que par un sinistre classique (incendie, dégât des eaux, vol,..).

Au Royaume Uni, la proportion est de 20 contre 1 : le risque cyber sera expérimenté par 30% des entreprises, le risque incendie+vol par 2%.

Et pourtant, l’entreprise est en général assurée pour le risque classique et rarement pour le risque cyber !

L’assureur Hiscox indiquait qu’en 2019, les pertes associées à des contrats cyber s’étaient élevées à 1,9 miards USD en progression de 50%.

La perte moyenne pour un risque cyber est de 50 000 € (source Hiscox).

Les assureurs parlent aussi de « risques silencieux » (quand un sinistre apparemment classique : un incendie, un déraillement, .., indemnisé par la police d’assurance IARD classique de l’entreprise, a en réalité été généré par une attaque cyber).

L’accélération des incidents devrait nous faire réfléchir :

-en aout 2019, 120 cliniques du groupe Ramsay sont paralysées par un virus

-en janvier 2021, la ville d’Angers compte 300 postes informatiques paralysés par une cyber attaque

-le 19 mars 2021, l’incendie d’un datacenter OVH anéantit 3,6 millions de sites Internet.

La nature des risques cyber :

On classe le plus souvent les dangers cyber en 3 catégories :

  1. Les malwares :

Il s’agit de petits programmes pouvant occasionner des dysfonctionnements ou des pertes ou transferts de données

  • Les ransomwares :

Il s’agit de programmes ou processus conduisant à un chantage divulgation de données/rançon.

Récemment l’entreprise Garmin a payé 10 millions USD (et de nombreuses victimes se taisent).

En France, 18% des entreprises visées cèdent et payent une rançon.

  • Le hacking :

Il s’agit de toutes les techniques d’intrusions dans l’entreprise.

3 Nature et contenu des polices Cyber :

Ces polices ont en réalité un double visage :

-un visage de police RC (Responsabilité Civile) : la police protège son titulaire contre les graves dommages qu’un incident cyber va générer à l’extérieur (après des clients ou de simples tiers).

L’exemple récent des cliniques de l’Ouest de la France qui ont divulgué les données personnelles de près de 500 000 patients en relève.

-un visage de police Dommages : la police protège l’entreprise contre par exemple la perte ou destruction de données de l’entreprise perpétrée par le pirate.

Ces polices offrent des services annexes :

-prévention, audit initial

-accompagnement de situations de crise

-reconstitution de données

4 L’insouciance des entreprises :

Non assurées pour le risque cyber, les PME sont souvent, en cas d’incident, piégées par leurs insuffisances :

-pas de sauvegarde des données

-pas de plan de crise

-pas d’assurance

Même les PME qui ont fait face à une sérieuse alerte ont tendance à minimiser, et à prétendre qu’elles ont « pris les mesures ».

5 Souscrire une police Cyber, pas si facile :

Quand elles commencent à s’en préoccuper, nos « cigales » ont parfois du mal à trouver une police Cyber :

L’assureur va s’assurer du respect d’un certain nombre de bonnes pratiques :

-gouvernance

-assurance des sous-traitants

-mots de passe (notamment autorisation à plusieurs facteurs/MFA)

-stockage

-mises à jour

-dispositifs de sécurité (VPN, firewall, antivirus, ..)

-test de pénétration

Ce faisant, l’assurance va jouer le rôle d’un aiguillon , exigeant parfois la mise sur pied immédiate de nouvelles procédures.

La souscription va nécessiter une vraie collaboration entre services de l’entreprise (notamment DSI et DAF).

6 Risque Cyber et risque Fraude :

Les entreprises ont tendance à confondre les 2 :

-le risque Cyber fait référence aux dysfonctionnements et pertes de revenus obtenus par un canal informatique (ex : une attaque massive en déni de service)

-le risque Fraude fait allusion à des désorganisations et pertes financières suite à des manœuvres, informatiques ou non. La fraude peut s’exercer par le moyen d’un simple téléphone (cas de la « fraude au président »).

Il faut idéalement se garder sur les 2 versants (cyber et fraude), même si peu de compagnies offrent cette double garantie, double garantie assez onéreuse.

7 Conclusion : Etre vigilant pour l’avenir :

L’assurance cyber n’est pas un luxe :

-le risque croit de manière vertigineuse

-les conditions de souscription (et les prix) se durcissent 

-les financeurs commencent à les exiger

-on les voit apparaitre comme des conditions contractuelles (à côté de l’assurance RC) dans par exemple des contrat Hôpital/CRO/Sponsor.

L’assurance cyber va devenir un must, tout comme dans le passé :

            -l’équipement informatique en lui-même

            -l’achat de licences informatiques

            -la conclusion de contrats de maintenance informatique

            -la gestion des accès à distance

            -la bonne gestion des appareils mobiles

Le marché de la cybersécurité (assurance, prévention,..) a représenté 100 miards USD en 2019 et pourrait en représenter 150  en 2023.

Les risques sont si grands que tous y sont exposés, PME comme géants :

Le 17 juillet 2020, l’assureur MMA a été victime d’un ransomware de grande ampleur.
Une semaine après, les écrans et serveurs étaient encore pour la plupart bloqués. Le retour à la normale peut prendre dans ce genre de cas des semaines ou des mois.

MMA, Manutan, Lactalys, Microsoft lui-même : la liste est longue. Voulez-vous y figurer ?

Après Lubrizol…

Suite à l’incendie de septembre 2019, sur les sites de Normandie Logistique et Lubrizol, près de Rouen, Elisabeth Borne a diligenté une mission d’inspection qui a émis des recommandations. Les membres de ce conseil ont, par la même occasion, fait part de leurs propositions.

En parallèle, une mission d’information de l’Assemblée nationale et une commission d’enquête du Sénat ont procédé à des auditions. Les services du ministère de la Transition écologique et solidaire ont également organisé un retour d’expérience.

Le plan d’actions présenté vise à apporter une réponse à chaque problème apparu pendant l’incendie de Lubrizol et de Normandie Logistique. Il établit trois grandes priorités :

1 Renforcer la transparence sur la gestion et les conséquences des accidents industriels

L’objectif est de garantir une parfaite transparence en nous assurant de disposer immédiatement des informations lorsqu’un accident a lieu.

Mesures :

Mettre à disposition du public, en termes intelligibles, la nature et la quantité de produits stockés dès la survenue de l’accident ;

Imposer aux exploitants de pré-identifier les substances susceptibles d’être émises au cours de l’incendie ;

Identifier en amont les moyens d’analyses associés ;

Renforcer le réseau des intervenants capables d’agir en situation post accidentelle ;

Déterminer les valeurs toxicologiques de référence et les valeurs de bruit de fond sur une gamme plus large de polluants pour permettre une interprétation plus efficace des valeurs mesurées.

2 Renforcer la prévention des incendies

L’accident de Lubrizol amène à plusieurs enseignements pour éviter que de tels incendies ne se déclenchent.

Mesures :

Revoir les mesures de compartimentage, la disposition des stockages et la conception des cuvettes de rétention ;

Systématiser l’inspection des installations classées dans un rayon de 100m autour des sites Seveso, en particulier sur les établissements soumis au régime de déclaration ou ceux qui ont fait l’objet d’un droit d’antériorité ;

Identifier en amont des capacités d’eau d’extinction et d’émulseurs pour que les pompiers en disposent rapidement ;

Imposer des exercices une fois par an pour tous les sites Seveso seuil haut.

3 Renforcer les moyens de contrôle et d’enquête

La prévention des risques repose avant tout sur le professionnalisme des inspecteurs des installations classées. 

Mesures :

Augmentation de 50% du nombre annuel d’inspections d’ici 2022 ;

Création d’un bureau d’enquête indépendant et dédié aux risques technologiques

10 outils pour réduire votre budget Assurances

Plutôt qu’une grosse réduction ponctuelle en ce Black Friday, nous vous offrons ici 10 pistes de réflexion sur votre budget d’assurances.

    Avertissement :

Réduire son poste Assurances est le souci de tous, mais y arriver est une autre affaire…

Réduire son budget ne veut pas dire mettre en péril ses couvertures !
Il ne s’agit en aucun cas de par exemple sous-déclarer certains montants (sous-déclaration qui pourrait vous exposer à l’application de la Règle Proportionnelle *).
Les types d’assurance obligatoire sont peu nombreux (voir notre article sur les assurances obligatoires *) mais ce que vous assurez doit être bien assuré (ni trop, ni trop peu).
Enfin, dîtes-vous que les économies réalisées pourront utilement être partiellement réinvesties dans des couvertures dont vous ne disposez pas aujourd’hui (ex : Responsabilité des Dirigeants).

1er outil : la prévention :

Cela va vous paraître un outil de long terme ou incertain, mais c’est pourtant le premier à regarder.

Ranger son entreprise, former ses équipes, mettre en place un contrôle thermographique, installer une télésurveillance, … :la liste est longue.

Au minimum, vous travaillerez mieux.
Votre assureur sera enclin à baisser votre prime.
Et vous éviterez les sinistres ou en réduirez l’impact.

Certaines grandes compagnies d’assurances (FM Global par exemple – www.fmglobal.fr) en ont fait un outil de choix pour sélectionner et piloter leurs clients, pour le plus grand bonheur de ces clients.

Et si vous commenciez par former vos commerciaux à la conduite automobile ou à la rédaction du constat d’accident ?

La prévention, c’est un peu comme se brosser les dents : en apparence contraignant mais fort utile à moyen terme.

2ème outil : Fédérer ses budgets :

Votre entreprise a changé, elle a grandi, elle a racheté des sites, des activités…
Au fil du temps, son contrat d’assurance est devenu un empilement (difficilement lisible).

Regroupez vos contrats !

Visez au final à avoir :
-un contrat Responsabilité Civile
-un contrat Dommages (avec une table regroupant les lieux de risque et leurs « contenus »)
-un contrat Flotte de véhicules.

Vous y gagnerez sur plusieurs plans :

-des contrats plus lisibles, plus faciles à mettre à jour
-des échéances synchronisées (donc moins de risque d’erreur)
-des montants ou garanties globaux, qui pourront éventuellement s’appliquer à plusieurs sites (flottants)
-une économie obtenue auprès de l’assureur.

C’est une règle dans les achats : quand on veut négocier, il faut commencer par mettre son offre en ordre.

3ème outil : Les garanties :

Nous l’avons dit en introduction : peu d’assurances sont obligatoires. A vous de choisir ce dont vous avez besoin :

• La Responsabilité Civile ne fait pas débat
• Pour vos locaux, idem pour les « Risques Locatifs » si vous êtes locataire (vous avez des obligations vis-à-vis du bailleur)
• Ne parlons de l’assurance automobile obligatoire (seulement la responsabilité civile)
• Prenez en compte les autres obligations souscrites :
o Lors d’un leasing (assurance Bris de machines)
o Lors d’un emprunt (assurance emprunteur)
o Etc

Pour le reste, vous pouvez peut-être vous autorisez, au moins temporairement, quelques impasses.

Un bon exemple pour vos véhicules :

Faut-il assurer le bris de glace ?

Faut-il s’assurer en Tous Risques ? Vos véhicules de plus de 5 ans ou en tout cas de plus de 8 ans devraient être assurés uniquement en « RC Vol Incendie » (ce que vous nommez « au tiers »). Economie de prime à la clé de l’ordre de 40%…

4ème outil : La perte d’exploitation :

Là c’est du sérieux, on parle de près de 35 ou 40% de votre prime Multirisque.
Il s’agit en réalité d’une des « garanties » évoquées dans le troisième outil.

C’est un vrai dilemme :

En théorie, il est souhaitable d’assurer non seulement vos équipements, mais aussi et surtout la perte financière engendrée par un arrêt.

Dans la pratique, si vous êtes étranglé financièrement, peut-être devrez-vous provisoirement y renoncer…
D’autant qu’à bien y regarder, peut-être n’en n’avez-vous pas besoin :
-si vous avez par exemple 2 usines ou 2 lignes de fabrication éloignées et non saturées
-si vous voyez comment vous dépanner en cas de sinistre (chez un voisin, en louant…)

5ème outil : L’assurance au premier risque :

Il s’agit à dire vrai d’un outil que les assureurs n’aiment guère. Nous allons voir pourquoi.

Petite histoire :

L’entreprise Dubois (blanchissage industriel) exploite 10 sites en France, chacun d’une valeur de 2 millions (sauf un valant 3 millions et un dernier valant 1 million).
Comment doit-elle s’assurer (déclarer) ses risques ? Doit-elle déclarer 20 millions (10X2) de capitaux ?
Elle va plutôt essayer de bâtir une assurance « au premier risque », à hauteur de 3 millions.
Comme il est peu probable que ses 10 sites s’envolent en même temps en cas de tempête, ces 3 millions sont largement suffisants. Et la prime est évidemment très basse…

L’assureur n’aime pas, car ce schéma est prélude à un contrat très « tendu », peut-être déficitaire : peu de prime pour couvrir des sinistres en 10 sites !
Notons d’ailleurs qu’il ne faut pas non plus trop négocier son contrat (au risque d’avoir un rapport S/P –sinistres/prime- très haut du fait d’un P très petit).

6ème outil : La franchise :

C’est l’outil le plus évident, sans doute le plus efficace (auto-assurance).

Il n’est pas toujours si utilisé :

Petite histoire :

L’entreprise Dumont a grandi. A partir du siège de Redon, elle a grossi et essaimé à Bordeaux, Lille, Tours, Poitiers…
Dans ses contrats initiaux, qu’elle a conservés, elle avait une franchise de 500 euros.
L’entreprise est vendue. Le repreneur, après examen, décide que l’entreprise peut parfaitement supporter une franchise de 5000 euros (il ne présentera pas les petits sinistres à l’assureur).
La prime baisse dès lors de 40%…

Une histoire à méditer car, en tant que PME, vous êtes aussi en compétition avec de grands groupes, qui ont des pratiques d’assurance très différentes (très grosses franchises que les filiales se répartissent et primes très basses). Comment lutter à armes égales si on ne revisite pas ses propres façons de faire ?

7ème outil : La LCI (limitation contractuelle d’indemnité) :

Il s’agit d’un outil dont votre intermédiaire ne vous aura pas nécessairement parlé, et que vous ne connaissez pas. Erreur ! Car il peut vous permettre de fortes économies de prime.

La franchise est une sorte de « plancher », qui relève le niveau à partir duquel on vous indemnise.
La LCI est, elle, un « plafond ».

Elle précise à l’assureur que, quoiqu’il arrive, il ne vous remboursera pas plus que tel montant, globalement ou sur telle ou telle garantie.

On indique ainsi couramment « LCI XX mios euros » en bas du contrat.

La LCI est très utile par exemple pour limiter la durée de la perte d’exploitation :
-usuellement, les contrats prévoient 12 mois de garantie Perte d’Exploitation
-dans bien des métiers (négoce par exemple), ces 12 mois sont excessifs et 4 ou 6 mois suffisent à se remettre globalement en ordre de marche
-si par exemple la marge brute annuelle est de 8 mios euros, une LCI de 4 mios euros sur le poste Perte d’Exploitation permet de limiter cette garantie à 6 mois (8miosX6/12). C’est un peu technique, mais cela vaut le coup…

On comprend que l’assureur octroie dès lors une baisse de prime :

En introduisant une ou plusieurs LCI, on lui permet de mieux cerner, de limiter le risque qu’il prend. N’oublions pas à ce propos que l’assureur se réassure (revend plus haut une grande partie de votre risque), ce qui a un coût.

8ème outil : La participation bénéficiaire (PB) :

Encore un outil peu connu, et donc peu utilisé.
Qui ne demande rien n’a rien : si vous ne connaissez pas les outils, comment demander des baisses de prime ?

Cet outil est notamment utilisé dans les contrats d’assurance de transport de marchandises (ou en assurance-vie).

Le principe est simple (et connu dans d’autres industries que l’assurance) : demander une remise au fournisseur si on a été vertueux (=partager les économies).

Concrètement, ce type de clause prévoit une remise sur une partie de la prime passée, déduction faite des sinistres.

Exemple d’une clause dite « 20 sous 35 » :

A :Prime=1000 €
B :PrimeX(100-35)%=650
C :Sinistre =100
D :Participation bénéficiaire = (B-C)X20%=(650-100)X20%=550X20%=110 € rétrocédés

Là encore, cela parait ardu. Mais concrètement, c’est vous l’avez compris 11% de remise !

9ème outil : Honoraires et commissions :

Les métiers de l’assurance fonctionnent essentiellement sous forme de commissions (en moyenne 15% des primes nettes, soit environ 12% des primes TTC).

Chacun connait les avantages et inconvénients des honoraires et des commissions.

Il peut se révéler intéressant pour l’industriel de proposer au courtier de passer en rémunération sur honoraires. L’industriel aura moins l’impression que le courtier « surfe » sur la multiplication des contrats et la hausse des primes.

Ce système tend d’ailleurs à se développer (notamment sur les gros contrats).

Il revient à estimer la charge de travail (par exemple sur une grosse flotte auto : émission des cartes vertes, sinistres) du courtier puis à rémunérer ce temps passé assorti d’une marge.

Le courtier aura à examiner comment lui doit traiter fiscalement la chose (beaucoup de courtiers ne récupérant pas la TVA).

Un chiffre d’affaires 10 fois supérieur demande-t-il 10 fois plus de travail (et des commissions fois 10) ? C’est toute la question.

A l’inverse, un dossier très complexe (exemple Dommage-Ouvrage) avec beaucoup de travail justifiera sans doute la perception de frais ou honoraires en complément de la commission, surtout si la base est faible. Ne soyons pas maximalistes…

10ème outil : La révision périodique des contrats :

Ce dernier outil rejoint un peu le 2ème outil (« fédérer ses budgets ») car il a trait à l’organisation de votre offre.

Il est certain que vous devez périodiquement réviser votre dispositif :
-hausses conjoncturelles annuelles des compagnies (le principal facteur)
-empilement et inadéquation croissante des contrats
-immobilisme du courtier (et de l’entreprise, qui a d’autres sujets)
-modification du marché de l’assurance (nouveaux acteurs, nouvelles offres)

Entre deux extrêmes :
-ne pas toucher pendant 10 ans à ses contrats
-résilier tous les ans l’ensemble de ses polices (pratique ridicule qui fait sourire assureurs et courtiers)
il y a un mi-chemin.

Une recommandation pourrait être :
-tous les 3 ans, demander une sérieuse revue des prix à son courtier
-tous les 6 ans, faire une remise en compétition complète (le courtier tenant pourra être convié à y participer auprès, contrat par contrat, des compagnies avec qui il travaille alors).

Un peu de doigté : on sera plus prudent pour remettre en cause des contrats complexes :
-responsabilité civile
-construction
-assurances collectives.
-etc

On procèdera de manière sensée :
Sauf si on est un très grand groupe (capable de lancer un premier appel d’offre qualitatif –destiné à sélectionner un intermédiaire- puis un appel d’offre quantitatif, on sélectionnera (en plus du courtier « tenant » déjà évoqué) un seul courtier challenger.
En effet, certains néophytes téléphonent à 3 nouveaux courtiers, qui se précipitent pour « saisir » chacun… les mêmes 5 ou 6 compagnies disponibles ! Résultat : au bout de 48h, personne ne comprend plus rien à l’appel d’offre et les acteurs s’en détournent.

Là encore, sur ce 10ème outil, un peu de sueur, un peu de travail. Mais cela paye…

    Conclusion :

Aucun outil magique, mais beaucoup de pistes.

Soyez pragmatique : mieux vaut une économie pérenne de 20% qu’un illusoire 40% que la compagnie ne reconduira pas. Méfiez-vous des vendeurs de trop forte baisse (notamment en assurances collectives).

Mettez d’abord de l’ordre dans votre dispositif, vos contrats, votre prévention, votre sinistralité.

Soyez « fair » avec votre agent/votre courtier, également avec le courtier challenger (qui ne doit pas servir de lièvre), avec les compagnies (qui ont la mémoire longue).

Soyez, seul ou avec votre courtier, raisonnablement imaginatif (pourquoi pas un contrat aux Lloyd’s ?).

Bref, faîtes du business !

Bon Black Friday..

Bien comprendre l’assurance Pertes d’Exploitation (PE)

Vous avez repris une belle jardinerie au bord de la nationale.
Suite à une forte inondation, la route s’affaisse et les autorités imposent une déviation.
L’allongement du temps de trajet qui en résulte vous fait perdre 30% de votre chiffre d’affaires, et ce pendant des mois, votre clientèle répugnant à faire un détour.
Vos pertes sont considérables, bien que votre installation ait subie très peu de dommages…

L’assurance Pertes d’Exploitation (PE) constitue certainement une des avancées les plus significatives de ces dernières décennies en termes de techniques d’assurance.

Elle repose sur le fait que rien ne sert d’assurer les biens eux-mêmes si on n’est pas en mesure de redémarrer rapidement après sinistre.
Elle est d’autant plus pertinente dans un monde largement dématérialisé où la valeur des biens physiques est largement dé-corrélée de leur capacité à générer de la marge (pensez à votre ordinateur).

Garantie relativement onéreuse et assez technique, elle mérite cependant que l’on s’y penche avec attention :


1 l’intérêt d’une telle assurance :

On trouve souvent aujourd’hui :

-des entreprises qui en auraient bien besoin mais n’en disposent pas (ou ne peuvent se l’offrir)

-des entreprises qui n’ont pas besoin de PE mais en ont une.
C’est le cas par exemple d’entreprises disposant de sites multiples non saturés (dépannage possible sur un autre site).

C’est aussi le cas fréquent d’entreprises de négoce (capable de très rapidement redémarrer dans un local de secours, en réapprovisionnant l’essentiel du catalogue). D’autant que la solidarité (même entre concurrents, étonnamment) joue à plein en cas de sinistre.


2 Le principe de l’assurance PE :

L’assurance pertes d’exploitation permet à l’entreprise d’assurer les sinistres inattendus et non couverts par l’assurance du matériel. Ainsi un incendie, un accident industriel, une tempête, des dommages électriques, du sabotage ou encore une inondation, sont quelques-uns des dommages couverts. Les catastrophes naturelles et les actes de terrorisme sont également pris en charge.
L’assurance intervient dès lors qu’un sinistre touche la société et a pour conséquence de ralentir son activité. Cette indemnité donne à l’entreprise les moyens nécessaires à la survie de son activité. En effet, l’indemnisation l’aide à affronter les charges fixes (loyers, remboursements d’emprunts, salaires ou encore impôts).


3 La durée :

La période d’indemnisation est en général de 12 mois mais peut aller au-delà.
L’expérience prouve que cette durée de 12 mois est souvent excessive.

Afin d’évaluer la durée d’indemnisation appropriée, il convient de regarder :
-le temps nécessaire à la reconstruction et à la reconstitution du stock
-le délai de remplacement des machines

Si par exemple ma machine principale se commande en Corée du Sud avec 18 mois de délai, la durée devra être de 18 mois.


4 Le coût :

Le montant de la cotisation de cette assurance pertes d’exploitation est calculé en fonction de la nature de l’activité de l’entreprise, de sa structure, de son matériel technique, de ses garanties existantes ainsi que de la période d’indemnisation.

Celle-ci est calculée sur la base du chiffre d’affaires/de la marge brute de l’entreprise de l’exercice précédent ou selon le budget prévisionnel.

-Soit l’entreprise fournit son CA (et la compagnie calcule la marge brute, dans les cas simples)
-Soit l’entreprise (ou son expert-comptable) fournit la marge brute.
-Soit l’entreprise fournit les éléments de calcul (compte de charges détaillé) et le courtier effectue le calcul.

Le coût peut être réduit de 2 manières :

-soit en augmentant la franchise (souvent de 3 jours) à par exemple 15, 30 ou 45 jours
-soit en limitant la durée d’indemnisation, à l’aide d’une LCI (Limitation Contractuelle d’Indemnité). Exemple :

-le CA est de 12 mios €
-la MB (marge brute ) est de 8 mios €
-la durée d’indemnisation souhaitée est de 6 mois (suffisants pour revenir en activité)

-le contrat-type prévoyant 12 mois de durée de PE, le courtier introduit une LCI de :
4 mios (soit 8 miosX6/12)


Conclusion :

Le fonctionnement de la « PE » est assez différent d’un contrat d’assurance ordinaire ; alors que parfois (dans d’autres contrats) on pourra avoir l’impression que l’assureur « traîne » à indemniser un sinistre, dans le cas de la PE, il est aux côtés de l’entreprise pour quelle reprenne au plus vite (il est de l’intérêt de l’assureur que la perte de marge brute soit minime).

Relativement onéreuse, complexe à mettre en place et calculer, cette garantie est bien entendu à étudier avec votre courtier Risques Industriels.

Le permis de feu

 

L’incendie de cathédrales, une histoire qui se répète….

2015, basilique St Donatien, Nantes:

Un incendie accidentel a détruit la quasi totalité de la toiture de la basilique Saint-Donatien. L’accident est visiblement lié à une opération de soudure. Le sinistre a été circonscrit vers midi mais l’édifice restait sous la surveillance des sapeurs-pompiers lundi après-midi. La voûte menace de s’effondrer.

1972 , cathédrale de Nantes:

Un ouvrier provoque accidentellement le feu de la toiture avec un chalumeau. Ce dernier avait en effet oublié de l’éteindre. Les pompiers parviendront à maîtriser le sinistre, mais la charpente sera largement détruite. Il fallut de nombreuses années pour la remettre en état.

1836, cathédrale de Chartres :

La précédente toiture (charpente en bois appelée « la forêt ») et la couverture en plomb de la cathédrale ayant été détruites par un incendie en 1836, elles furent remplacées en 1837 par une charpente métallique et une couverture en cuivre qui est à l’origine du vert-de-gris qui lui donne cette couleur verte caractéristique.

Hors conflits armés, la France détruit tous les 60 ans une charpente de cathédrale… Le fautif à chaque fois ? La foudre ? Le court-circuit ? Non, des … travaux.

Les travaux dans un bâtiment ou une usine sont une occasion privilégiée de sinistre.
La manière de l’éviter ? Le permis de feu !

En effet, le feu « à l’occasion de travaux » arrive tout simplement :
-projection d’étincelles aux alentours du chantier
-élévation de températures de zones cachées (poutres,..)
-propagation en fin de chantier, de soirée, d’un sinistre naissant.

La manière de l’éviter ?
-préparer le chantier
-mettre des moyens d’extinction à proximité
-revenir surveiller le chantier en début de soirée

bref, il s’agit tout simplement :
-d’anticiper
-de se coordonner entre maître d’ouvrage et entreprise

C’est l’objet du permis de feu, document « contractuel », qui impose aux 2 ou 3 parties de s’asseoir et s’organiser (par exemple en débarrassant de ses cartons une cloison derrière laquelle une soudure doit être faite.

« Le permis de feu est un plan de prévention écrit qui concerne la réalisation ponctuelle de travaux par points chauds (soudure, meulage, etc…). » (définition du CNPP)

Nul entrepreneur ne doit pénétrer dans l’usine sans remplir ce document avec la direction ! Ajoutons que le permis de feu est exigé parfois par la loi et toujours par les assureurs.

Rien de bien compliqué : procurez-vous le formulaire ou… demandez à votre courtier !